vendredi 13 août 2010

Poisson rouge : Lettre ouverte pour un répondeur

Une jeune femme rentre chez elle. Elle dépose ses affaires et jette un coup d'œil à sa machine. Un message enregistré:
« Prend au moins la peine d'écouter ce que j'ai à te dire. Je sais que c'est inutile de t'appeler, d'essayer de te rejoindre quand tu ne fais que m'ignorer. Tu effaces toute trace de mon existence, je n'existe même plus sur papier. Et bien moi aussi j'aimerais en faire de même. T'oublier, effacer tout souvenir de toi. Même les bons. Je ne veux plus être conscient de ton existence, ça me tue de penser à toi, te savoir si distante, hors d'atteinte, hors de mon étreinte... Dis moi que tu t'es trouvé un copain, qu'il prend bien soin de toi et que tu es passée à autres choses. Que t'es heureuse dans ton petit coin tranquille, entourée de verdure, un endroit où tu compte finir tes jours paisiblement, c'est ce qu'on souhaitait non? J'ai tant essayé, personne ne me convenait pour remplacer la place vide que tu as laissé à côté de moi dans mon lit. Je me réveille parfois la nuit, croyant avoir senti ton odeur, certain de ta présence. Je crois peut-être avoir trouvé la solution. Plus j'y pense, je vais imiter ton opération. Je passe à la chirurgie. Je surligne en gros le morceau a retirer. Oublions l'anesthésie, je veux vivre pleinement ce moment. Me souvenir de la douleur. Me rappeler à quel point j'ai souffert, et que je ne veux plus jamais revivre pareil calvaire. Laisser tout derrière moi, et devant moi, le néant. Bonne nuit.»