jeudi 22 juillet 2010

Poisson rouge: extrait 1

Docteur? Oui.
Croyez-vous qu'il y a des chances qu'il se réveille un jour?
Et bien, il est dans un coma de puis une semaine déjà, 80% des patients qui ne se sont pas réveillés dans les 3 jours précédents l'incident ne se réveillent jamais.
Puis, la plupart de ceux qui nous reviennent n'ont pas toute leur capacité cérébrale.
Désoler, mais je ne crois pas qu'il est prêt d'ouvrir les yeux de si tôt, d'ailleurs, je ne lui souhaite pas.

Je me suis réveillé ce matin dans mes draps bleus et blancs. Encadré par quatre murs ornés de nombreuses photos, de vagues souvenirs et de vestiges de mon passé, j'essaie de me souvenir ce que l'on m'a servi pour déjeuner hier matin. Deux œufs bacon, Monsieur Dubord? Malheureusement, j'ai oublier, tout oublier. Je peine à reconnaître les visages sur les photos de famille, à me rappeler comment j'ai pu aboutir dans ce foutu lit. Hier, je peine à me souvenir d'hier...
Le médecin m'informe que hier ne devrait pas préoccuper mes pensées et que je plutôt devrais me soucier de demain: essayer d'aller de l'avant, m'attarder sur ce qui m'attend. Easier said then done Doc. Un peu dur de savoir ce que l'on veut quand on ne se rappelle plus de qui on était, de ce qu'on a voulu.
Le visage du médecin est embrumée, mes yeux sont rivés sur l'enfant qui joue dans le coin gauche de la pièce. Il ne porte pas attention à notre conversation, trop concentré à assembler une maison avec les blocs lego éparpillées sur le plancher. De loin, on dirait un casse-tête. Il agit comme si on n'existait pas, immunisé contre le monde extérieur. Docteur me parle de réhabilitation, de réinsertion dans la société, ses paroles s'envolent sans que je puisse entièrement en saisir le sens. Un infirmière fait irruption dans la pièce en transportant une boîte pleine d'objets familiers, mais méconnus. Chouette, encore des photos. L'enfant se lève et laisse la maison multicolore inachevée sur la céramique. Je peux encore l'entendre courir dans le corridor, dévaler les escaliers jusqu'au rez-de-chaussée, puis franchir la porte de sortie, enfin libre. Je me sens encore plus seul avec monsieur le médecin et madame l'infirmière. Mais à qui était cet enfant? C'est le mien? Peut-être que c'est moi? Et moi, je suis qui?

Cette nuit-là, je fis un rêve étrange.

1 commentaire:

  1. L'amnésie, cet un fichu bon sujet pour des centaines d'histoires. Faudrait continuer ce rêve...

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